Depuis le 1er janvier, chaque semaine nous pouvons mettre avec la levée des déchets résiduels, un sac en plastique vert compostable avec les déchets organiques dits « fermentescibles » : épluchures, fleurs fanées, restes de repas…
Une nouvelle habitude à prendre … qui donne des perspectives que vous ne soupçonnez peut-être pas !
Le grand cycle
Le CO2, ce gaz dont on parle tellement, fait partie de notre atmosphère à raison d’environ 0,4 parts par millier. L’augmentation de cette concentration est à l’origine du réchauffement climatique et est causée par notre utilisation massive de la combustion des hydrocarbures (gaz, essence, mazout, diesel…). Ces combustibles sont riches en atomes de Carbone et d’Hydrogène et dépourvus d’atomes d’Oxygène. C’est précisément cette caractéristique qui leur confère cette propriété de brûler en présence de l’oxygène de l’air et ainsi de fournir l’énergie nécessaire au chauffage, au transport, à la production d’électricité, du travail mécanique nécessaire à l’industrie, etc.
Si l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère est très problématique pour notre avenir, sa présence (à concentration adéquate) est indispensable à la vie sur Terre : ce gaz est la source première de la totalité du Carbone présent dans les êtres vivants, de la bactérie à l’être humain, en passant par les végétaux et toutes les espèces animales. L’eau, H2O, apporte quant à elle, les atomes d’Hydrogène.
Le CO2 et l’eau sont des substances très stables et contiennent une proportion élevée d’atomes d’oxygène. Leur contenu en énergie est très faible, au contraire des hydrocarbures. Or les êtres vivants ont besoin de composés relativement peu oxydés (tels que le glucose) et riches en énergie à fabriquer à partir de produits de départ quasi inertes ! Comment les dynamiser ?
Le soleil est là pour régler le problème ! La photosynthèse est ce processus magique de la nature qui utilise l’énergie lumineuse pour transformer le CO2 et l’eau atmosphériques en molécules hydrocarbonées avec perte d’oxygène (ce processus est d’ailleurs à l’origine de l’oxygène de l’air). Les végétaux et certaines micro-algues sont capables de ce processus magnifique qui utilise l’énergie lumineuse du soleil pour fabriquer la matière organique des feuilles, des fruits, des tiges, du bois…
Tenant en main un beau chou-fleur, vous pouvez vous dire qu’une bonne part de son poids provient du CO2 et de l’humidité qui ont entouré sa croissance depuis la graine et qu’il stocke un petit paquet d’énergie envoyée par le soleil.
Les animaux et tous les êtres vivants qui ne pratiquent pas la photosynthèse en sont des bénéficiaires indirects puisqu’ils se nourrissent de végétaux ou d’autres animaux. Ils sous-traitent le job !
Mais tout être vivant finit par mourir et se décompose en libérant du CO2 et l’énergie qu’ils ont accumulée, tout en nourrissant d’autres formes de vie. C’est ce qui se passe dans notre compost et en général dans la nature sauvage. Le CO2 est ainsi en grande partie restitué à l’atmosphère … le cycle est bouclé.
Votre chou-fleur peut produire de l’électricité
Vous aurez mangé votre beau chou-fleur, mais les feuilles et sa base pourront alimenter votre compost ou… atterrir dans le sac vert.
À la recherche d’énergies renouvelables, la biométhanisation a été développée pour extraire de l’énergie facilement manipulable, le méthane, au départ du potentiel d’énergie contenu dans la matière organique des déchets (déchets ménagers, agricoles, lisiers, boues de stations d’épuration…).
Dans un biométhaniseur, les déchets sont digérés en absence d’oxygène par des micro-organismes qui produisent un gaz riche en méthane (CH4 ou « gaz de ville ») et un résidu dont la composition se rapproche de celle d’un compost mâture. D’une part, ce résidu est valorisable en tant qu’amendement du sol, d’autre part, le biogaz peut être utilisé pour produire de l’électricité ou du chauffage ou les deux à la fois. Le biométhane peut également après purification être injecté dans le circuit de distribution.
Une fois consommé, il produira évidemment du CO2, mais celui-ci correspond au CO2 capté la même année par photosynthèse. Le biométhane est un méthane renouvelable !
Le contenu de votre sac vert est une source d’énergie potentiellement utilisable via la biométhanisation. Mais actuellement en Brabant Wallon, les déchets verts ne sont valorisés que par leur compostage. Cependant d’autres régions, notamment en province de Liège, ont entrepris d’utiliser la biométhanisation.
Intradel, l’intercommunale liégeoise de gestion des déchets, a construit une nouvelle unité de biométhanisation sur le site de Herstal. Elle traite l’ensemble des déchets organiques de la zone Intradel (environ 1 million d’habitants) pour les valoriser et les recycler en amendement organique, chaleur et électricité. L’énergie totale récupérée atteint 20 millions de kWh, dont 4,4 millions en électricité injectée dans le réseau.
Pour en savoir plus : le site de Wallonie Énergie et une vidéo sur l’unité de Biométhanisation d’Intradel.
Poserez-vous un autre regard sur vos déchets verts ?
Agnès Van Camp