Une centaine de personnes ont participé à la conférence de Bernard Deboyser « La voiture électrique verte – tueuse ? », à l’Espace culturel de Nethen, en réponse à l’invitation de la Locale Ecolo de Grez-Doiceau.
Aucune d’entre elles n’a regretté le déplacement tant le conférencier a répondu avec clarté aux questions qui se posent sur ce thème. La présentation de données pertinentes et accréditées a permis de tordre le coup à plusieurs fausses informations qui circulent :
- non, la voiture électrique n’émet pas autant, voire plus de CO2 sur son cycle de vie qu’une voiture thermique. En réalité, la construction de cette dernière ainsi que la production et le traitement des hydrocarbures émettent énormément de CO2, contrairement à la fabrication des batteries. Une étude de la VUB a pu montrer qu’en considérant tout le cycle de vie, les émissions de CO2 diminuent – pour une voiture électrique circulant en Belgique – de 65% par rapport à une voiture thermique ;
- non, la voiture électrique n’utilise pas de manière abusive des terres rares (qui ne sont en réalité pas rares du tout) ou des métaux rares dont l’extraction serait très polluante. Par ailleurs, ces « terres rares » sont abondamment utilisées dans le raffinage du pétrole et les pots catalytiques des voitures à moteur thermique, les écrans et de nombreux appareils électroménagers, qui ne sont jamais mis en cause pour cela ;
- non, la consommation d’eau pour produire le lithium utilisé dans les batteries n’est pas exagérée par rapport à celle nécessaire pour produire le carburant des voitures thermiques ;
- non, la voiture électrique n’utilise pas du cobalt provenant de mines exploitant des enfants. Au Congo, il y a bien 10% de mines illégales qui font malheureusement travailler des enfants, mais les 90% autres sont des mines officielles exploitées avec des moyens techniques modernes, sans aucun enfant. Les producteurs de voitures électriques veillent désormais particulièrement à la qualité de la filière d’extraction du cobalt. En 2017, Amnesty International a d’ailleurs relevé les efforts du constructeur Tesla contre l’exploitation des enfants ;
- non, le recyclage des batteries électriques n’est pas un problème. Leur longévité est très grande, et lorsqu’elles ne peuvent plus être utilisées efficacement pour alimenter un moteur électrique, elles peuvent servir de manière statique. Puis, une fois inutilisables, les techniques de recyclage existent ;
- non, il n’est pas nécessaire de produire de nouvelles centrales pour recharger les batteries des voitures électriques, même si leur nombre était en nette augmentation. Parce que la plupart sont rechargées la nuit, en dehors des pics horaires de consommation, il n’y a aucun risque de blackout dans les années qui viennent.
Pour ceux qui veulent en savoir plus, nous renvoyons à l’article du conférencier Véhicules électriques et terres rares : un florilège de fake news.
Le verre de l’amitié pour fêter le Nouvel An a permis ensuite à chacun d’échanger en grignotant de délicieux zakouskis dans la joie et la bonne humeur, au terme de cette soirée très réussie.
La prochaine conférence, vraisemblablement à l’automne prochain, abordera la question climatique. Elle sera donnée par Hervé Jeanmart, professeur à l’École Polytechnique de Louvain (EPL) et à l’UCLouvain.
Il reste encore l’énorme différence de prix à l’achat. Même si cette différence est rattrapé après plusieurs années d’utilisation, en attendant il faut les sortir !!
Cette remarque rejoint les questions soulevées par les gilets jaunes qui ont l’impression d’être la poire ou le citron à presser que l’écologie s’offre pour rattraper la casse faite pendant 50 ans malgré tous les avertissements solennels.
Mais je suis très optimiste malgré tout sur ce plan, car il n’y a « plus que » un facteur 2 un peu près. Je me souviens qu’au début des télés couleurs ou autres ordinateurs, leurs prix étaient encore beaucoup plus élevés proportionnellement.
Thunderpower (les chinois, ben oui, installés sur le site de Caterpillar) prépare le 1ère grande série pour 2022 et VW pour 2025. Patience, patience. Mais malheureusement la terre ne comprend pas ce mot là… Elle nous prépare de ces claques, sans aucun sentiment, dont on se souviendra.
Sans vouloir contester ces arguments et pour être entièrement « objectif », il aurai peut-être été intéressant de confronter l’orateur du jour avec un expert moins engagé dans la « cause écologique ». Le public présent était majoritairement déjà convaincu des avantages environnementaux de la voiture électrique et l’orateur a abondé dans ce sens. Quoiqu’il en soit l’exposé était très clair et agréable à suivre. Belle initiative et merci aux organisateurs de cette séance.
Votre remarque est très judicieuse. De telles « confrontations » auraient certainement leur intérêt.
Les médias organisent beaucoup plus souvent ce genre de match. Il est quasi indispensable d’engager un modérateur professionnel pour réussir ça.
Mais il y avait tellement de choses à dire, que le conférencier n’est déjà pas arrivé au bout. Et c’était, comme vous le soulignez, très riche en informations pour tout le monde.
La réussite de cette soirée est aussi due au fait que l’assistance a largement dépassé les écolos traditionnels de Grez.
Il n’a pas été jugé utile d’annoncer et organiser un long débat contradictoire cette fois-ci, même si les participants ont été invités à exprimer des opinions divergentes.
Pour différentes raisons:
– difficulté de l’intégrer dans le timing d’une soirée qui prévoyait aussi un verre de l’amitié dans le cadre des voeux de nouvel an
– mettre ensemble des gens qui élaborent des « fake news » et ceux qui les dénoncent n’est pas toujours productif
– étant donné le large écho médiatique donné aux opposants des voitures électriques, il a paru opportun de donner la parole à un scientifique susceptible de faire entendre une voix différente, sans le confronter à d’autres opinions déjà bien relayées.